* * *
compte-moi sur les doigts de la main
j’y suffit amplement
le qui n’a pas répondu aux attentes
le qui est arrivé trop tard
le qui a la grande frousse
le qui à tout coup
s’endort en marchant
et encore le petit
l’anonyme
* * *
maman raconte dans le métro
elle voit le gosse un garçon dans les huit ans
il regardait elle dit devant lui
désespérément comme un petit adulte
très las sur la banquette en face
comme elle descend à Kropotkine elle prend dans son cabas
une orange les mains présentées
les doigts croisés les paumes offertes
il dit oh merci il sourit comme ça
une orange douce dorée
les portes se ferment la rame
prend graduellement de la vitesse l’enfant
le garçon regarde devant lui l’orange
illumine du ciel sur tout cela
tombe la neige je sors du métro
dit maman je vais être en retard au boulot
lourde la pelisse le trottoir glisse dur-dur
encore sept mois ferais bien de changer de travail
trop fastidieux remplir ces fiches à la main
orange métro maman
je n’aurais rien pu pour lui
dans ma sacoche un paquet de CD
les poèmes d’Eisenberg le semainier de l’herbe
les portes claquent des flocons d’avoine humides
dévalent le ciel février maman et encore lui
il te sourit en pressant l’orange dans ses mains
prochaine station Sportive
* * *
tu te rends compte elle me dit
jamais personne ne m’a parlé comme ça
je veux te baiser
j’ai souri caressé
ses cheveux et j’ai dit je veux
te baiser elle m’a renvoyé
un sourire de gratitude
la vie elle n’est pas grande
outre que je dirais pas
qu’elle soit tellement adaptée
qui dira
en russe tu sais
je veux m’enamourer de toi
ni d’ailleurs en aucune autre langue
nous nous couchons dans le lit
nous baisons et dormir
si au lever on ne se
douche pas on peut encore toute une grande matinée
sentir nos odeurs respectives
toujours ça
Traduit du russe par Alexandre Karvovski
* * *
à T.
s'il y a quelque chose à dire il faut se taire,
alentour octobre nébuleux comme un tampon,
comme cette marque violette au bas de la feuille,
zéro, encerclant les lieux qu'on quitte.
branchies saisissant l'automne derniers jours de la saison.
débordant d'ozone noir veineux.
la vie )acasse et se masse juste au bord.
flottement de l'intonation changement de ton.
qî à sept chiffres d'un numéro presque oublié, téléphone
de la lille au deux pièces illusionnée de paradis.
s'il y a quelque chose à dire tais-toi, pas un mot.
les planches se disloquent les objets s'effritent,
dans les coins, emmitouflés dans des couvertures ouatées
gèlent en gris souns des mendiants des bonhommes, des soldats.
la poussière tourbillonne, on dirait de la neige. et ça souffle par les fentes.
à la commande «demi-tour» nous nous sommes dévêtus, divisés par zéro.
s'il y a quelque chose à dire, tais-toi. ne t'avise pas
de dire ton nom inventé par d'autres, de crier,
de grimacer d'un air pitoyable et comique, comme moumine le troll.
nous ne serons pas des chiffres a additionner, nous resterons une somme.
s'il y a quelque chose à dire pas la peine de mentir,
si tes veux se ferment, il faut aller dormir.
ne pas dormir trop longtemps est fatigant et dangereux.
tout ce qui ne peut pas être dit
ne doit pas être dit clairement.
Traduits par Christine Zeytounian-Beloüs
* * *
du fait que
l'avant est passé
et ne sera plus
lui si semblable au métal fondu de l'enfance
jaillira soudain
lumière d'avant mort brûlante
quand de tes deux mains tu prendras la flamme du jour
avec ces mots plus rien jamais n'arrivera
maintenant nous-mêmes sommes devenus temps
* * *
Sur ma gauche là faut il perdre la distance s'approcher
c'est sur la gauche un garçon qui court sur la rive de la nuit
à l'appel de la peur le feu d'une cigarette la peur laissant du temps
la moitié derrière il crachine et puis la pluie
le jour est fini sur ma gauche encore tellement de silence
que la musique entend le feuillage la langue allemande a la vitre
à peine ce que nous disons c'est sur ma gauche le matin
blessures sang séché des jardins enfantins nuages brouillés arôme
violent des gouttes et puis maintenant tu es mon cœur simplement
* * *
décembre reviendra mêlant le sang à la lymphe
aux larmes à mozart les lignes du cahier
disciplinent le conte rapprochent la fin
heureuse avant-hier (un visage de femme
posé sur l'oreiller comme un papillon)
sur l'écran neige et bruit, et le matin la vita
nova on n'aura pas aussi mal qu'après dans le conte
l'anesthésie directe sans arrêt
les enfants sont fatigués, ils dorment, la noctule
gémit dans son coin, oui dit papa nous sommes de l'étoffe
dont les songes sont faits.
Traduits par Hélène Henry-Safier
compte-moi sur les doigts de la main
j’y suffit amplement
le qui n’a pas répondu aux attentes
le qui est arrivé trop tard
le qui a la grande frousse
le qui à tout coup
s’endort en marchant
et encore le petit
l’anonyme
* * *
maman raconte dans le métro
elle voit le gosse un garçon dans les huit ans
il regardait elle dit devant lui
désespérément comme un petit adulte
très las sur la banquette en face
comme elle descend à Kropotkine elle prend dans son cabas
une orange les mains présentées
les doigts croisés les paumes offertes
il dit oh merci il sourit comme ça
une orange douce dorée
les portes se ferment la rame
prend graduellement de la vitesse l’enfant
le garçon regarde devant lui l’orange
illumine du ciel sur tout cela
tombe la neige je sors du métro
dit maman je vais être en retard au boulot
lourde la pelisse le trottoir glisse dur-dur
encore sept mois ferais bien de changer de travail
trop fastidieux remplir ces fiches à la main
orange métro maman
je n’aurais rien pu pour lui
dans ma sacoche un paquet de CD
les poèmes d’Eisenberg le semainier de l’herbe
les portes claquent des flocons d’avoine humides
dévalent le ciel février maman et encore lui
il te sourit en pressant l’orange dans ses mains
prochaine station Sportive
* * *
tu te rends compte elle me dit
jamais personne ne m’a parlé comme ça
je veux te baiser
j’ai souri caressé
ses cheveux et j’ai dit je veux
te baiser elle m’a renvoyé
un sourire de gratitude
la vie elle n’est pas grande
outre que je dirais pas
qu’elle soit tellement adaptée
qui dira
en russe tu sais
je veux m’enamourer de toi
ni d’ailleurs en aucune autre langue
nous nous couchons dans le lit
nous baisons et dormir
si au lever on ne se
douche pas on peut encore toute une grande matinée
sentir nos odeurs respectives
toujours ça
Traduit du russe par Alexandre Karvovski
* * *
à T.
s'il y a quelque chose à dire il faut se taire,
alentour octobre nébuleux comme un tampon,
comme cette marque violette au bas de la feuille,
zéro, encerclant les lieux qu'on quitte.
branchies saisissant l'automne derniers jours de la saison.
débordant d'ozone noir veineux.
la vie )acasse et se masse juste au bord.
qî à sept chiffres d'un numéro presque oublié, téléphone
de la lille au deux pièces illusionnée de paradis.
les planches se disloquent les objets s'effritent,
dans les coins, emmitouflés dans des couvertures ouatées
gèlent en gris souns des mendiants des bonhommes, des soldats.
à la commande «demi-tour» nous nous sommes dévêtus, divisés par zéro.
s'il y a quelque chose à dire, tais-toi. ne t'avise pas
de dire ton nom inventé par d'autres, de crier,
de grimacer d'un air pitoyable et comique, comme moumine le troll.
s'il y a quelque chose à dire pas la peine de mentir,
si tes veux se ferment, il faut aller dormir.
ne pas dormir trop longtemps est fatigant et dangereux.
ne doit pas être dit clairement.
Traduits par Christine Zeytounian-Beloüs
du fait que
l'avant est passé
et ne sera plus
lui si semblable au métal fondu de l'enfance
jaillira soudain
lumière d'avant mort brûlante
quand de tes deux mains tu prendras la flamme du jour
avec ces mots plus rien jamais n'arrivera
maintenant nous-mêmes sommes devenus temps
* * *
c'est sur la gauche un garçon qui court sur la rive de la nuit
à l'appel de la peur le feu d'une cigarette la peur laissant du temps
la moitié derrière il crachine et puis la pluie
le jour est fini sur ma gauche encore tellement de silence
que la musique entend le feuillage la langue allemande a la vitre
à peine ce que nous disons c'est sur ma gauche le matin
blessures sang séché des jardins enfantins nuages brouillés arôme
violent des gouttes et puis maintenant tu es mon cœur simplement
* * *
aux larmes à mozart les lignes du cahier
disciplinent le conte rapprochent la fin
heureuse avant-hier (un visage de femme
posé sur l'oreiller comme un papillon)
sur l'écran neige et bruit, et le matin la vita
nova on n'aura pas aussi mal qu'après dans le conte
l'anesthésie directe sans arrêt
les enfants sont fatigués, ils dorment, la noctule
gémit dans son coin, oui dit papa nous sommes de l'étoffe
dont les songes sont faits.
Traduits par Hélène Henry-Safier